Grandir en amour de soi - épisode n°9

 

Je termine ces 9 jours de bonnes pratiques pour cultiver l’amour de soi par la partie que j’aime le plus ! Il s’agit de s’aimer dans son entier. Nous avons vu dans la pratique n°1 comment ne plus avoir honte de nos qualités, comment le conscientiser, les aimer, les exploiter. On peut faire exactement la même chose avec ce que nous n’aimons pas chez nous.

J’emploie volontairement ce terme « ce que nous n’aimons pas chez nous », plutôt que défauts. En opposant défaut et qualité, c’est comme si il y avait une partie montrable de nous et une partie non montrable. D’ailleurs lorsque je vous ai parlé des qualités, je vous en ai parlé terme d’humilité : simplement reconnaître ce qui est, pour laisser s’exprimer ce qui est, non pas pour la gloire. Pour les défauts, c’est la même chose.

Il s’agit simplement de reconnaître qu’il y a des parts de nous qui sont manquantes, blessées, non existantes, non conscientes, et qu’elles ont besoin de s’exprimer elles aussi. D’ailleurs la vie s’en charge très bien. C’est la notion d’ombre, et elle fait partie de notre évolution personnelle.

Apprivoiser son « ombre »

Sur le chemin vers notre réalisation, une part de nos comportements et de nos choix nous échappe : tant que nous n’avons pas pris conscience de ce qui les motive, nous ne pouvons pas évoluer. En effet, beaucoup de personnes croient que pour être « spirituellement élevé », il faut aller vers sa lumière. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, se concentrer sur sa part lumineuse ne fait que renforcer notre dualité, notre séparation. C’est en reconnaissant, en accueillant et en aimant notre part d’ombre que nous sommes dans notre lumière. Renier et se battre contre sa part d’ombre, c’est nourrir la séparation et non l’unité, donc nourrir l’ombre.

L’ombre est un archétype défini par Carl Gustav Jung dans la première moitié du XXème siècle. L’ombre, c’est la partie de notre psyché dans laquelle nous avons refoulé tout ce qui n’était pas autorisé, d’après notre éducation. Par exemple :  se mettre en colère, se montrer égoïste, avoir des pensées déplacées, être prétentieux etc. Chacun de nous a une ombre unique, composée au fil du temps de tous ces interdits. Elle représente ce que nous refusons d’être ou de devenir, ce que nous n’assumons pas, ce que nous rejetons le plus. C’est tout ce nous n’aimons pas chez nous.

Mais comme la vie est vraiment bien faite et que Dieu, cette force d’amour qui nous pousse individuellement et collectivement vers notre réalisation, fait extrêmement bien son travail, notre part d’ombre finit toujours par être mise en lumière.

Pourquoi ? Parce qu’elle a simplement besoin d’être aimée et guérie, parce qu’elle fait partie d’un tout, de votre être entier et complet.

Le mécanisme de la projection

Notre ombre se manifeste par un mécanisme subconscient, celui de la projection. Cela signifie que ce que nous n’acceptons pas de nous-même (qu’il s’agisse d’un trait de caractère réel ou fictif), nous le projetons sur des objets extérieurs, à savoir les autres, avec leurs différences. Voici deux exemples pour vous montrer comment ça fonctionne :

  • Sophie n’aime pas se mettre en avant, elle trouve que c’est indécent, égocentrique, vulgaire. C’est tout le bien qu’elle pense de Benjamin, un autre commercial de son équipe, qui lui au contraire, a tendance à chanter sa propre gloire : je suis doué, je fais ce que je veux de mes clients, ils m’adorent, regardez mon chiffre d’affaires comme il est beau, etc. Plus Sophie s’interdit de se mettre en avant, plus la frime de Benjamin l’insupporte. Benjamin est en quelque sorte le côté obscur de Sophie ; comme elle ne le reconnaît pas, elle concentre sur lui tous les défauts de la Terre. Il devient son Dark Vador, sa sorcière. Le mécanisme ici est le suivant : je projette sur l’autre ce que je ne m’autorise pas.
  • Martin n’est pas dépensier et surtout, pas pour les autres. Quand il doit inviter un collaborateur au restaurant, il fait toujours une note de frais ; et quand sa direction lui demande de le prendre à sa charge, Martin rumine sa dépense pendant des jours. Dans le privé, ses proches le qualifient de « radin » ; mais personne ne lui en parle. De son côté, Martin est très critique avec les personnalités avares, il se moque facilement d’un collaborateur qui rechigne à lui donner 50 centimes pour un café, ou à lui offrir une cigarette. Pas avare de sarcasmes, il ne voit pas qu’il parle là à son propre miroir. Le mécanisme ici : je projette sur l’autre ce que je ne n’assume pas d’être. « C’est celui qui dit qui y est », disent les enfants.

Sophie et Martin ont un point commun, ils dépensent beaucoup d’énergie à garder secrète leur part d’ombre, à la refouler dans un cachot.

En effet, une autre manière de se rendre compte de ce qui compose notre part d’ombre, c’est d’aller regarder du côté de tout ce nous ne voulons surtout pas que les autres sachent sur nous-même. Notre vie est un plan d’action géant pour masquer notre ombre, qu’il s’agisse de quelque chose dont nous avons honte, qui nous met en colère, dont nous avons peur, etc.

Se réconcilier avec soi-même

Chaque fois qu’une personne nous pose problème, que certains traits ou comportements nous agacent, c’est une occasion d’en apprendre sur nous-même et sur notre part d’ombre. Ayant pris conscience de nos projections, nous pouvons alors réintégrer ces parts de nous-même pour devenir un être complet.

Si je reprends les exemples cités plus haut :

  • Pour Sophie, il s’agit d’apprendre à s’autoriser un peu l’auto-promotion. A petites doses d’abord, puis davantage, comme une rééducation. 
  • Pour Martin, c’est prendre conscience qu’il a du mal à dépenser et à offrir aux autres. S’accepter tel quel lui permet de mieux vivre sa relation à l’argent, puis d’évoluer s’il le souhaite, en apprenant à lâcher-prise sur ce qu’il « lâche » aux autres.

L’important avec l’ombre, c’est de s’y ouvrir, de l’explorer, d’en réintégrer des parts : «L’ombre est quelque chose d’inférieur, de primitif, d’inadapté et de malencontreux, mais non d’absolument mauvais. » « Il n’y a pas de lumière sans ombre et pas de totalité psychique sans imperfection. La vie nécessite pour son épanouissement non pas de la perfection mais de la plénitude. Sans imperfection, il n’y a ni progression, ni ascension.» Carl Gustav Jung. 

Pour commencer à guérir vos parts d’ombre, vous pouvez vous poser les questions suivantes :

• Quel genre de personnes avez-vous le plus de mal à supporter ?

• Qu’est-ce qui vous agace chez elles, exactement ?

• Et vous, où en êtes-vous de ce type de comportement ?

Grandir en conscience

De la même manière, chaque fois que l’on est déstabilisé parce quoi que ce soit dans la vie, il est important de contacter ce qui est blessé, car ces événements nous offrent une chance unique de voir ce qui a besoin de grandir en nous et dont nous n’avions pas encore conscience. Donner de l’attention à son enfant intérieur permet d’apprivoiser notre ombre, c’est-à-dire ce que nous n’avons pas été autorisé à exprimer en tant qu’enfant.

Etre en contact avec son enfant intérieur, c’est prendre soin de soi comme on accompagne un enfant en apprentissage. Il s’agit de mettre des mots sur des situations émotionnelles difficiles pour voir ce qui a été blessé en nous, pour voir ce qui est réactivé et qui n’est pas vraiment lié à la situation du moment mais qui vient simplement réappuyer sur une ancienne souffrance.

Faire sortir le monstre

Pour reprendre la notion d’ombre de Jung, voici un exemple où la personne est invitée à aller contacter une part en souffrance dont elle a peur. Anne la Douce dirige sans jamais hausser le ton. Enfant, elle a souffert d’entendre ses parents lui dire qu’elle était dure. Elle est alors devenue la douceur même, d’une grande gentillesse, charmante avec chacun. Elle montre ce visage aimable et lisse dans sa vie personnelle tout comme dans son quotidien de manager avec son équipe. Elle aurait des occasions de se fâcher, de recadrer un collaborateur qui ne respecte pas ses engagements. Mais pour Anne, il n’est pas question de durcir le ton, ni de faire preuve d’autorité ou d’être directive : elle aurait peur d’être trop dure, elle se raviserait aussitôt. Anne a refoulé son aspect dur et la voilà douce, presque molle. Pourtant, à l’intérieur, un monstre de dureté n’attend qu’une chose : pouvoir sortir et exprimer toute sa force. En acceptant cette part d’elle-même (et sa propre dualité) Anne pourrait gagner une force nouvelle. Pour cela, il va lui falloir reconnaître le monstre dont elle a si peur, l’apprivoiser et vivre avec lui pour trouver un équilibre. Car ce n’est que parce qu’il ne peut pas s’exprimer que le monstre est en colère et hurle de rage.

Prendre contact avec son enfant intérieur

Dès lors que j’ai mal dans une relation à autrui, et a fortiori quand la douleur ressentie n’a rien à voir avec la réalité de la situation vécue, il faut commencer par faire un pas de côté pour stopper la réaction automatique. C’est le fameux espace entre le stimulus et la réponse, que nous pouvons agrandir grâce à notre conscience. 

Ensuite, je vais en quelque sorte « prendre contact » avec le petit enfant que j’étais et qui demeure blessé à l’intérieur de moi, pour aller lui parler, le câliner, le prendre dans mes bras, lui expliquer la réalité de la situation, tout en douceur et sans attente de résultat immédiat. Exactement comme avec un enfant en apprentissage. Il s’agit de devenir un bon parent pour soi-même, en remplacement du parent défaillant que nous eu au moment où la blessure a été créée, et parce que notre parent réel ne peut plus rien pour nous aujourd’hui.

Prendre conscience de notre blessure la plus profonde peut se faire aussi en dehors du mécanisme de la projection. Pour aller dans cette direction, posez-vous des questions comme :

• Quelle est votre blessure d’amour profonde ? 

• Quel est le mécanisme que vous avez mis en place pour masquer cette blessure que vous ne voulez pas que l’on voit ?

> Si cette manière de procéder vous interpelle, vous en saurez plus dans l’ouvrage d’Arthur Janov Le Cri primal.

Cette blessure, c’est la stratégie que l’on a mis en place dans sa vie entière pour que les autres ne se rendent surtout pas compte de cette blessure. Vous la trouverez en observant cette stratégie d’évitement et blindage. 

Apprendre à aimer ces blessures profondes et fondamentales du passées ne se fera pas en une seule séance de « câlinage » de votre enfant intérieur comme indiqué plus haut. Si vous avez passé votre vie à cacher ce truc, imaginez à quel point ça va vous demander des efforts de le dévoiler : tout simplement parce que ça fait peur, ou que ça fait mal, ou que c’est dangereux. Rappelez-vous que c’est le petit enfant qui réagit, dans sa vulnérabilité et la conscience de sa dépendant au monde extérieur (quand on est enfant, on est entièrement dépendant de l’environnement pour sa survie, qu’elle soit matérielle, psychique ou émotionnelle). 

Acceptez qu’il vous faudra du temps. Et c’est parfaitement normal. Accueillez-vous là-dedans. Allez-y tout en douceur. Le but n’est pas d’éliminer l’ombre, si vous y allez avec cette intention, elle va se raidir et se refouler encore plus d’ailleurs. Le but est de l’apprivoiser, l’accepter, la comprendre, lui montrer qu’elle a le droit d’être là, que c’est normal qu’elle soit là et enfin, de l’aimer. Cette blessure cherche à être reconnue et c’est pour ça qu’elle fait si mal. Elle cherche à attirer votre attention pour être enfin vue, soignée, aimée et pouvoir guérir. Le but est de vous aimer dans votre entier. Consacrez-y du temps. 

Alors allez-y tranquillement. C’est un apprentissage. Pas facile mais tellement libérateur. C’est pour ça qu’il ne faut pas forcer. Rendez-vous cet apprentissage le plus doux possible. Cet apprentissage est simplement l’occasion de vous aimer plus, mieux, plus profondément, pas intimement. L’occasion d’être, tout simplement. Alors plongez dans les délices de votre relation à vous-même et à votre ombre, tranquillement, doucement, à votre rythme. Laissez grandir cet amour de vous. Vous serez étonné.e de la paix qui s’installe en vous au fil des jours.

 

Pour vous remercie d’avoir suivi cette mini-série “Les 9 bonnes pratiques pour grandir en amour de soi”, je vous offre le guide qui reprend ces 9 pratiques dans leur intégralité : téléchargez-le ici

0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N'hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *